Avant que ces oiseaux ne s'envolent à jamais

MIDI-LIBRE

Édition du vendredi 15 mai 2009

Nature
Avant que ces oiseaux ne s'envolent à jamais

BIODIVERSITÉ
Face à l'extinction progressive de certaines espèces, la Ligue de protection des oiseaux de l'Hérault tire la sonnette d'alarme Elle mesure à peine 20 cm. Sa tête couleur gris bleuté porte un bandeau noir qui couvre le tour des yeux et le front. Une large tache blanche orne ses ailes qui tranchent le ciel du Midi vers la mi-mai. Venue du sud de l'Afrique, via l'Italie, la pie-grièche à poitrine rose, que l'on trouvait partout en France il y a peu, ne se reproduit plus que sur le sud-ouest de Montpellier et la basse plaine de l'Aude.
« On ne compte plus que dix-sept couples », souligne le Saint-Georgien Christian Kaux, administrateur à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), association nonagénaire dont le siège héraultais s'est constitué il y a deux ans à Frontignan. L'extinction progressive de ce migrateur peut s'expliquer par plusieurs facteurs : l'abattage des grands arbres où elle niche, le climat changeant qui réduit ses ressources alimentaires, la modification des pratiques agricoles ou encore l'utilisation des produits phytosanitaires. « L 'urbanisation massive et l'aménagement de notre territoire héraultais, la disparition de la vigne, n'ont pas favorisé son développement. Ni celui d'autres espèces. » Ainsi l'outarde canepetière, localisée sur le Gard et l'Hérault, ou encore le faucon crécerellette, espèce qui peuple notamment l'Aude et le Biterrois, sont en net recul. « Ils se nourrissent d'insectes qui prolifèrent dans la vigne qui, elle, peu à peu se réduit. » C'est justement là que la LPO intervient. En procédant à des suivis annuels des populations concernées, à l'étude de caractéristiques paysagères des habitats de nidification, en menant des soutiens alimentaires, comme c'est le cas pour la pie-grièche. Mais aussi en alertant, en sensibilisant. Le grand public, les décideurs. Chaque grand projet d'aménagement est censé être soumis à une étude d'impact mais il est toujours bon de rappeler les conséquences des bouleversements menés par l'homme sur son milieu naturel. « P ar exemple, la construction de routes comme l'A 75 ou le développement de l'éolien sur le bassin de Thau demandent la plus grande vigilance, indique Christian Kaux. On travaille avec EDF ou encore la SNCF au niveau des tracés. On a aussi signé un protocole d'accord avec la DDE et la Diren pour éviter l'élagage des arbres en période de nidification. Chaque fois que la chaîne est mise à mal, on veille à l'application de mesures compensatoires. » La LPO est sur tous les fronts. « O n n'hésite pas à se constituer partie civile face aux actes de braconnage, aux infractions qui portent atteinte à notre milieu naturel. » Valérian Tabard est chargé du pôle d'animation dans l'Hérault à destination notamment des écoles : « J e suis intervenu dernièrement auprès d'une classe de maternelle à Grabels. Les enfants sont très concernés par l'existence des oiseaux. » Ils sont par ailleurs les meilleurs vecteurs pour sensibiliser leurs adultes de parents sur les problématiques écologiques. La LPO sera présente à la Fête de la biodiversité des 19 et 20 juin sur la Comédie, à Montpellier.

P. GUIPPONI

LPO, 3 impasse Saint-Exupéry,
à Frontignan. Site : herault.lpo.fr . Tel:06 29 81 66 31.